S’il y a des moyens ou des solutions pour garantir la sécurité des gens qui prennent cette route, ce serait un très bonne action car le besoin est urgent.
La situation de nombreux enfants dans le monde, et plus particulièrement en Afrique et en Asie, va à l’encontre des prescriptions du Droit des jeunes mineurs.
C’est une situation dont j’ai moi-même été victime. J’ai eu des problèmes d’une grande gravité dans mon pays d’origine, et je n’ai trouvé personne pour m’aider. J’ai compris qu’il fallait que je quitte mon pays le plus vite que possible, et je me suis échappé.
C’était la première fois que je sortais de mon pays, et cela a été très difficile à faire, et il m’a fallu beaucoup de temps pour avoir le courage de le faire, sachant que je devais laisser ma maman, mes frères et soeurs, mes amis, mon entourage en général, et partir vers une autre destination où je ne connaissais personne.
Ainsi, je suis sorti et quand j’ai réussi à le faire, mon esprit était tiraillé entre deux pensées, je regrettais de m’être séparé de ma famille, et d’un autre côté, j’étais rassuré d’avoir fait le bon choix et je devais continuer ma route sans aucune hésitation. Cette idée était la plus importante pour moi, compte tenu de la situation dans laquelle je me trouvais et que j’étais en train de vivre.
Au cours de mon voyage, plus je m’eloignais, plus je voyais des choses que je n’avais pas l’habitude de voire. Je ne suis pas en train de parler des découvertes émotionelles positives, mais au contraire du type de difficultés que j’ai trouvées sur ma route, et j’ai compris que j’avais affaire à une autre situation très difficile.
Au nord du Mali, à chaque fois qu’on arrivait au niveau d’un barrage, les agents de sécurité nous faisaient payer des sommes d’argent en échange de nous libérer la route, afin qu’on puisse continuer notre route. Ensuite, une fois dans le désert du Sahara, la situation est devenue plus difficile, puisque là-bas ce sont des groupes de personnes, des coupeurs de route, qui nous prenaient en otage. Ces personnes sont très dangereuses et agressives. Ils nous menaçaient de toutes les violences possibles, ils blessent et torturent certains passagers et pour les plus faibles ou plus victimes de ces tortures c’est la mort qui intervient.
Dans les villes qui se trouvent au désert du Sahara, il existe des ghettos dans lesquels les voyageurs sont mis et ne sortiront et ne mangeront que s’ils payent une somme d’argent qui est toujours décidée par les chefs de ces ghettos.
Une fois en Algérie, un nouvel air se présente là, il y a beaucoups de jeunes qui travaillent dans des chantiers de construction de bâtiment à savoir: des maçons, des manoeuvres, des peintres, et autres.
Et tous ces personnes viennent d’autres pays et sont arrivées là-bas par la même voie que j’ai suivie, nous avions des problèmes similaires, très vite j’ai compris que c’était le moyen propice pour pouvoir subvenire à nos besoins. Il fallait que je m’initie à ces travaux, mais qui sont très difficiles, et beaucoups de gens sont confrontés à des problèmes de santé, des accidents de travail, mais il n’existait aucun choix. Je me suis donc livré à un démarcheur afin qu’il me trouve un chantier là où je pourrais travailler. Après 8 mois de travail j’étais totalement usé, puisque ce travail tournait à l’exploitation, alors j’ai jeté l’éponge pour me mettre de nouveau sur les routes et ma destination cette fois-ci était la Libye. A nouveau, ce voyage ressemblait à celui entre le Mali et l’Algérie, mais c’était encore plus difficile compte tenu de la situation dans laquelle se trouve la Libye (la guerre). Et avec les personnes avec lesquelles je voyageais , nous avons étés victimes de plusieurs violations: les coupeurs de route munis d’armes nous arrêtaient en demandant des sommes d’argent pour nous relâcher, faute de quoi ils nous torturaient.
C’est là où plusieurs personnes sont retenues par ces malfrats en otage pour payer des sommes d’argent excessives, et si elles ne payent pas, elles seront torturées jusqu’à nouvel ordre.
Après les étapes routières, je suis arrivé dans une ville côtière Zabratta, et je voulais seulement aller de l’avant étant donné que l’insécurité était totalement vivace dans le pays, je ne voulais qu’aller vers l’avant.
Et ce voyage vers l’avant, c’était l’Italie, donc j’ai cherché à m’embarquer sur une pirogue pour traverser la Méditerranée. Il m’a fallu 3 mois en tout pour attendre mon tour pour voyager et pendant tout ce temps je vivais dans une clôture, de laquelle il était interdit de sortir, sauf le jour du voyage.
Quand le jour du voyage est arrivé, une centaine de personne a embarqué sur la pirogue pour immigrer clandestinement vers l’Europe et ce voyage a duré 17 heures.
Quand je suis arrivé en Italie, j’étais fier de moi, je pensais à toutes les épreuves que j’avais traversées, et c’était comme un rêve. Je me suis demandé comment j’avais pu traverser tous ces obstacles et j’ai réalisé que j’étais chanceux et que mon courage est un atout qui m’a permis d’affronter ce voyage plein des difficultés. Aujourd’hui, l’idée que je retiens est que j’ai risqué ma vie pour arriver en Europe, d’une manière difficile, comme le font aussi tant d’autres personnes. Et sachant les difficultés qui s’y trouvent, je n’aimerais pas qu’un ami, un frère ou une tierce personne entreprenne à son tour cette route pour venir vers l’Europe.
S’il y a des moyens ou des solutions pour garantir la sécurité des gens qui prennent cette route, ce serait un très bonne action car le besoin est urgent.
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